Parapluie anti-grêle.

Le vignoble bourguignon déploie son parapluie anti-grêle !
Un réseau de 125 générateurs à iodure d’argent, des filets de protection et des ballons chargés de sels hygroscopiques : en Bourgogne, où les ceps ont beaucoup souffert de la grêle ces dernières années, les viticulteurs s’équipent pour les protéger. Le système n’est pas sans inconvénient. Il ne permet de diminuer les dommages que de moitié et pour le faire fonctionner, chaque poste doit avoir à sa disposition trois bénévoles.


Il y a un an, le Chablis, dans l’Yonne, avait particulièrement été touché au printemps, après un fort épisode de gel. Mais toute la région est concernée. « Les chutes de grêle s’accélèrent ces dernières années, l’intensité est plus importante », s’inquiète Thiébault Huber, viticulteur à Volnay (Côte-d’Or) et président de l’Association régionale d’étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques (Arelfa).

« Depuis 2001, c’est terrible ; quand il grêle, c’est parfois 90 à 100% de la récolte qui est perdu. C’est de plus en plus fréquent », poursuit-il. Avec des communes touchées une fois tous les deux ans, « il fallait faire quelque chose ».

En 2014, l’association a commencé à installer des générateurs à iodure d’argent. Ce système, également employé dans le Bordelais ou le Sud-Ouest, doit protéger d’ici fin 2017 l’ensemble du vignoble bourguignon, soit 45.000 hectares.

Composé d’une bouteille d’air comprimé, d’un réservoir et d’une chambre de combustion surmontée d’un cylindre, chaque relais permet de vaporiser des milliards de molécules d’une solution d’iodure d’argent, qui iront se loger au cœur de l’orage pour diminuer la taille des grêlons.

BESOIN DE BÉNÉVOLES
Le système n’est pas sans inconvénient. Il ne permet de diminuer les dommages que de moitié et pour le faire fonctionner, chaque poste doit avoir à sa disposition trois bénévoles, qui se relaient pour le surveiller et le mettre en route en cas d’alerte météo.

La Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB) a d’ailleurs lancé en février un appel pour trouver 180 bénévoles – il en faudra près de 400 à terme. « C’est un système collectif. On fait en sorte que ça nous pèse pas trop, donc on se relaie », explique Raphaël Dubois, viticulteur et responsable d’un dispositif à Nuits-Saint-Georges en Côte-d’Or.

« Ce système sert aux viticulteurs mais aussi aux personnes autour, aux agriculteurs ou aux citoyens qui ont une véranda ou un potager. Quand des grêlons de la taille d’une balle de golf tombent du ciel, il n’y a pas que la vigne qui est impactée », explique-t-il.

Le coût, de 8 à 10 euros par hectare et par an, est financé dans un premier temps par les Organismes de défense et de gestion (ODG) de chaque appellation. Mais l’Arelfa espère obtenir, en parallèle, des financements des collectivités locales, ainsi que des autres agriculteurs bénéficiant de la protection.

Face aux inquiétudes qui émergent sur la dispersion de particules d’argent dans l’atmosphère, l’association se veut rassurante, mettant en avant « l’innocuité » de la technique et la faible quantité émise, de « 2 grammes pour 10 hectares » par an.

FILETS ET BALLONS D’HÉLIUM
La mise en place de filets anti-grêle, une solution mécanique pour protéger les vignes, est aussi testée depuis trois ans sur 3 à 4 hectares répartis dans une vingtaine de domaines, indique Thiébault Huber. « En termes d’efficacité, c’est la meilleure technique », souligne-t-il. Mais cette technique est « très longue à mettre en place, très chère, et il y a l’aspect visuel. »

Cette méthode est aussi très encadrée par l’Institut national des appellations d’origine, notamment après l’entrée des « climats » (nom donné aux parcelles dédiées à la vigne en Bourgogne) au patrimoine mondial de l’humanité en 2015.

Le Bureau interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) teste une troisième technique dans le vignoble du Châtillonais, dans le nord de la Côte-d’Or : des ballons gonflés à l’hélium chargés de sels hygroscopiques (absorbant l’humidité de l’air) pour provoquer l’effondrement du nuage. »Assez onéreuse », elle a cependant l’avantage de pouvoir être activée plus rapidement et de « traiter des cellules orageuses isolées », plus difficiles à prévoir, estime Christine Monamy, responsable du pôle technique du BIVB.

D’autres méthodes autrefois mises en œuvre dans la région, utilisant des avions ou des roquettes, ont été abandonnées car trop dangereuses.

Sources : AFP / www.larvf.com

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