Réchauffement climatique

la vigne et le vigneron doivent s’adapter.
Le réchauffement climatique ne menace pas de disparition le vignoble français, mais des adaptations s’avèrent indispensables pour que les vins français et étrangers gardent leurs caractéristiques.
Interview d’Hervé Quénol, directeur de recherche au CNRS.

Hervé Quénol est directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la question du réchauffement climatique.

Avec le réchauffement climatique, la culture de la vigne peut-elle disparaître en France ?
Hervé Quénol : Non. La question n’est pas : y aura-t-il encore de la vigne en 2050 ? La vraie préoccupation, c’est de savoir si on va réussir à faire un vin avec les mêmes caractéristiques en évitant de changer les cépages et la localisation des vignobles.

La multiplication et la succession d’épisodes de sécheresse, comme pour cette année 2015, peut finir par tuer un certain nombre de pieds de vignes. Et la hausse des températures s’accompagne d’une augmentation du taux de sucre, le défi sera de faire des vins avec des taux d’alcool pas trop forts.


Quelles sont les pistes d’adaptation pour les vignerons ?
Hervé Quénol
 : Le vigneron s’adapte déjà. Si on a une période chaude comme cet été, il va adapter ses pratiques culturales en travaillant le sol ou en désherbant les inter-rangs pour éviter que l’herbe ne concurrence la vigne. Il va aussi laisser plus de feuilles sur les vignes pour éviter que le soleil n’atteigne trop les grappes.

À plus long terme, d’autres solutions sont envisagées. D’abord l’irrigation. Aujourd’hui, les vins à appellation n’ont pas le droit d’irriguer, hormis quelques dérogations dans le sud de la France. En plus du fait que l’irrigation (même si elle est raisonnée par système de « goutte à goutte ») ne correspond pas vraiment à une démarche de vin de terroir, augmenter notre consommation en eau ne va sans doute pas dans le sens de l’histoire.

 

Pourrait-on planter des cépages moins sensibles à la sécheresse ?
Hervé Quénol
: On peut envisager des modifications au niveau des cépages. Après tout, ils ont toujours évolué. Par exemple, dans le Bordelais, les principaux cépages rouges sont le merlot et le cabernet sauvignon. Le cabernet murissant plus tardivement, on peut penser que dans ce contexte de changement climatique, il y aura une augmentation de la proportion de cabernet sauvignon.

 

Et dans le reste du monde, y-a-t-il des vignobles plus menacés que d’autres ?
Hervé Quénol :
La viticulture est déjà compliquée en Afrique du Nord. En Argentine, à Mendoza, la viticulture est totalement dépendante de l’irrigation. Et avec la fonte des glaciers, la gestion de l’eau est primordiale et pas spécifiquement pour la viticulture. Et s’il n’y a plus d’eau, il n’y aura plus de vigne. Les Argentins se mettent donc à acheter des vignes plus en altitude dans le nord du pays ou en Patagonie. Même chose en Afrique du Sud. Le principal vignoble est dans la baie du Cap, ils recherchent un peu de froid et commencent à planter un peu plus haut. C’est une chose qu’on ne pourrait envisager en France, en raison des limites avec les droits de plantation.

 

Globalement, dans le monde, on observe très clairement la montée vers le Nord des conditions favorables à la culture de la vigne. Dans le Val de Loire, avec un degré en plus gagné sur les 50 dernières années, les conditions de maturation du raisin sont meilleures et on a gagné en qualité. Une raison pour laquelle on peut penser que les vignobles déjà existants en Angleterre ou en Suède vont gagner en qualité.

 

Source article : le revue du vin de France / AFP

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